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09 janvier 2014

Un rêve de gosse au pied de l’Acropole (Le Monde, 22/06/2001)

Après les pyramides d’Egypte pour le passage à l’an 2000, Jean-Michel Jarre a donné trois concerts à Athènes, de lundi à mercredi, au pied de l’Acropole, à l’odéon d’Hérode Atticus, réunissant plusieurs milliers de spectateurs. Pour l’occasion, il avait composé un "Hymne à l’Acropole", dont il devait remettre la partition aux autorités grecques.

Le compositeur français, bien connu en Grèce, a pu ainsi réaliser un "rêve de gosse" et se faire plaisir. "C’est un immense privilège de jouer dans un lieu si prestigieux où des artistes se produisent depuis deux mille ans", nous a-t-il confié. L’odéon, qui peut accueillir 5 000 personnes, a été construit en 161 apr. J.-C. aux frais d’Hérode Atticus, célèbre rhéteur sophiste et précepteur de Marc Aurèle, qui deviendra un grand mécène pour toute la Grèce romaine.

"La meilleure façon de célébrer ces lieux antiques, c’est de les intégrer dans la vie actuelle et non de les enfermer sous une cloche à fromage, de les pétrifier dans le passé" a-t-il estimé.

Le projet date du temps de Mélina Mercouri, mais le décès de la ministre de la culture, en mars 1994, a fait capoter le plan. Ambassadeur de l’Unesco, Jean-Michel Jarre a relancé le projet l’an dernier, immédiatement adopté par Marianna Vardinoyannis, épouse d’un grand magnat grec et, elle aussi, ambassadrice de l’Unesco. Président d’Elpida, association grecque des amis des enfants atteints du cancer, Mme Vardinoyannis a organisé les trois concerts dans le cadre du Festival d’Athènes et des olympiades culturelles pour les Jeux d’été de 2004, au profit de son organisation. Les recettes seront destinées à la construction en Grèce du premier hôpital pédiatrique spécialisé dans les maladies cancéreuses. Cinq pour cent des fonds recueillis seront versés à l’organisme chargé de la construction du nouveau musée de l’Acropole et à la Fondation Mélina Mercouri, dirigée par Jules Dassin, qui lutte pour le retour en Grèce des "marbres du Parthénon".

Jean-Michel Jarre n’a pas manqué d’ajouter sa pierre à ce combat national, en déclarant soutenir le retour à Athènes des fameuses frises enlevées au XIXe siècle par Lord Elgin et conservées depuis au British Museum. Il n’en fallait pas plus pour que le compositeur français se voit salué comme un nouveau "Philhellène".

C’est par Oxygène 4 que le compositeur commence son concert et lance son "Hommage à l’âme immortelle de la Grèce antique qui a laissé son empreinte à travers les âges". La représentation enchaîne ensuite avec les grands succès remodelés d'Oxygène à Métamorphoses, Acropolis. "Un mélange de musique électronique et symphonique" que le compositeur "a conçu comme une musique de film".

:: Poulpes géants ::
Toutes les compositions sont "habillées" d’un arrangement visuel projeté sur lemur à arcades qui surplombe le fond de la scène. Pendant deux heures, le spectateur est assailli tantôt d’images géantes alliant les masques antiques qui crachent de la fumée aux visages pop’art, tantôt par un défilé de poulpes géants, ptérodactyles, fourmis carnassières dans Magnetic fields 1. Un téléscopage de la modernité sur les vestiges de l’Antiquité.

Dans Chronologie 3, au milieu de la première partie, Jean-Michel Jarre présente sa nouvelle harpe musicale. Composée de rayons verts, qui fusent dans la nuit, la harpe laser a été améliorée pour répondre à un souci de "vélocité". A la harpe répondait l’accompagnement à la guitare électrique d’un excellent Patrick Rondat, "un des dix meilleurs guitaristes au monde", assure le compositeur.

Outre Patrick Rondat, qui se déchaîne dans Vivaldi, Jean-Michel Jarre a fait appel à Francis Rimbert au clavier, Christophe Papendieck à la basse et Laurence Faucheux à la batterie. L’accompagnaient également la formation symphonique grecque "Enarmonia" dirigée par Chrysanthos Alisafis, la soprano Vasiliki Karagianni, ainsi que la chorale municipale d’Athènes dirigée par Stavros Beris et un choeur d’enfants d’une banlieue du Pirée mené par Dimitris Kanaris.

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08 janvier 2014

En quête d'éphémère (Tribune de Genève, 27/11/2007)

2007,coupure presse,30 ans d'oxygène


Trente ans après, le musicien français rejoue «Oxygène». Rencontre.

On retient son éternelle jeunesse d’homme-cosmonaute maniant un drôle de clavier. Jean Michel Jarre, ses mélodies dansantes et ses nappes de son planant entre les buildings d’Houston ou les clochers de Lyon ont marqué les esprits en imposant la formule du «mega concert». Mais avant de faire exploser le light show dès 1979, Jarre s’est distingué parmi les premiers compositeurs de musiques électroniques grand public.
Si, aujourd’hui, l’équation semble aller d’office – notamment depuis l’avènement de la techno – il en allait tout autrement en 1977, lorsque sortait Oxygène. Faux premier disque et vrai début commercial, le fameux album reparaît trente ans après, avec les explications de son auteur.

Il y a trente ans, quel était l’état d’esprit?
On avait une vision poétique du futur. En 1977, il y avait de l’irrationnel dans la technologie. Pour ma part, j’avais un fantasme, faire le pont entre la musique expérimentale à laquelle je m’étais formé et la pop music.

En 2007, pourquoi rejouer «Oxygène»?
Cet album, je l’ai pratiquement fait dans ma cuisine. Dans ce qu’on appellerait aujourd’hui un «home studio». Déjà à l’époque, j’avais envie de faire cela dans un grand studio avec les instruments d’alors, les synthétiseurs analogiques.

Quelle est la particularité de ces instruments?
Mellotron, Farfisa ou ARP sont à la base de l’electro. Au même titre que les violons Stradivarius, leur fabrication s’est arrêtée brusquement. Ceux que l’on emploie aujourd’hui datent par conséquent d’il y a trente ans. On les voit comme déshumanisés, froids. Comme les synthétiseurs numériques d’aujourd’hui. En fait, Mellotron et consort sont très poétiques. Un mélange de bois, de transistors et de lampes.

Aujourd’hui, vous jouez «Oxygène» en live. Etait-ce possible en 1977?
Ça ne se faisait pas. La musique électronique, c’était avant tout du laboratoire. Car autant les instruments rock sont venus de la scène pour être ensuite électrisés, autant les synthétiseurs analogiques sont nés en studio pour en sortir.

«Oxygène», c’est quoi au juste comme musique?
Une musique impressionniste. A l’inverse de Kraftwerk, qui se rapportait à l’expressionnisme allemand, à la froide robotique de Metropolis. J’étais obsédé par autre chose: rien ne devait se répéter à l’identique. C’est pourquoi chacune des séquences est jouée à la main. Cela donne des accidents. De même, nous n’arrivions jamais à accorder exactement tous les instruments.

Quel regard portez-vous sur les musiques d’aujourd’hui?
Nous sommes dans une équation de recyclage. C’est une démarche écologique où rien n’est inédit. Les créateurs du XXIe siècle n’ont pas l’innocence d’avant. On écoute les sixties comme Beethoven ou Chopin. Désormais, lorsque l’on joue du rock, il y a trente ans d’histoire derrière. C’est pourquoi on retourne vers des instruments comme le Mellotron, dont la mémoire ne dépasse pas sept secondes. Trente ans, après on recherche à nouveau l’éphémère. Moi-même, j’ai toujours eu l’impression de faire des brouillons.

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03 janvier 2014

Jarre donne son 'Oxygène' à la Chine (12/1981)

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Comme un cosmonaute qui descend de son Lem, Jean-Michel Jarre, un mois et demi apres son retour de Chine, est encore « sonné ». Mais avec les soixante personnes qui accompagnaient le premier groupe occidental à s’être produit en Chine, il a reçu le choc de deux civllisations aux concepts et à la philosophie si différents, si éloignés; qu’eIles évoquent l’une pour l’autre bien des mystères et suscitent bien des fascinations. Grâce à lui une porte s’est entrebâillée à un échange culturel plus fréquent. Les Chinois aimaient Brahms. Après Beethoven et Ravel, Jean-Michel Jarre est leur dernier musicien connu. Pour ceux qui n’ont pas suivi son étonnante odyssée au pays du lotus bleu, Jean-Michel Jarre prépare une carte postale musicale, un double album, un livre et un film.

:: Sensible ::
De la cave de sa maison de Bougival, dans son studio d’enregistrement, l’archange du synthétiseur mixe jour et nuit. Dans son shaker, électronique, il module le dosage exact des meilleurs moments de ses concerts de Pékin et de Shangai. Il y coule les sons des pousse-pousse bien huilés, les claquements de baguettes, des rires de petites filles à nattes d’ébène, pour nous offrir un cocktail explosif couleur rose, jaune et vert pastel comme le ciel, la terre et les maisons de là-bas. Il se nommera « La Chine selon Jean-Michel Jarre » et il risquera de faire tourner nos têtes. Alors qu’Elton John, les Rolling Stones, les Pink Floyd trépignaient de desir de donner des concerts au pays de Mao se sont cassé dix fois les dents sur une muraille de refus, Jean-Michel Jarre s’est armé d’une patience orientale pour dérocher sa lune. Durant trois ans, au cours de trois voyages. Les Chants magnétiques, Equinoxe, Oxygène, un petit synthétiseur sous le bras, il a donné des conférences et des mini-concerts dans les universités et au conservatoire de musique de Shangaï et, miracle, il a fini par magnétiser les autorités. Elles lui ont dit oui. Alors, les publicitaires chinois ont conçu une campagne : les murs de Pékin et de Shangaï, quelques semaines avant le grand événement, se sont couverts d’affiches. On y voit Jarre, le romantique, au clavier électronique, inspiré, la Tour Eiffel flirter avec la Grande Pagode. Puis, Jean-Michel Jarre a préparé ses concerts : « Je ne voulais pas donner des représentations banales, jouer mes morceaux et au revoir. J’ai composé de nouveaux morceaux et j’ai répété avec un orchestre symphonique de trente-quatre musiciens chinois. » A sa symphonie synthétique se mêlent violons à deux cordes, luths et flûtes chinoises. Un point sensible de plus a été touché et le Tibétain Panchen Lama Erdeni, vice-président de l’Assemblée nationale populaire, choisi par Deng Xiao Plng pour le représenter, il en pleure de jole. Il n’était jamais apparu en public depuis qulnze ans… Une grande partie des spectateurs, est venue à bicyclette et a payé sa place l’équivalent d’une semaine de salaire. L'assistance, débordée d’enthouslasme, tape des mains, danse, saute, en réclame encore. Et Jarre, qui va jouer avec un petit synthétiseur dans la foule, est énergiquement reconduit sur scène. Simultanément, à la radio, cinq-cents millions d’auditeurs, cent trente millions de téléspectateurs, voient l’immense spectacle aux lasers. C’est la rencontre de deux mondes, la séduction, l’enthousiasme, le délire. Jarre est devenu une idole en Chine. Si Jean-Michel Jarre est «sonné», c’est parce qu’il a vécu là-bas une drôle de relation avec le temps. J’al vu un malade transporté par sa famllle en charrette à l’hôpital pour se faire opérer au laser, Au bout de deux jours, nous avions ôté de nos poignets nos montres. Là-bas, le temps coule doucement.

:: Une longue convalescence ::
Après dix ans de Persécution, la Chine est encore meurtrie d’une révolution culturelle qui broyait les doigts des pianistes, brûlait les pianos, bannissait tout ce qui était étranger parce que décadent. Elle se relève aujourd’hui d’une longue convalescence. Sous Mao, sept disques que tous connaissaient par coeur étaient autorisés, inspirés de la musique traditionnelle. Sous la «Bande des quatre», tout ce qui était ancien devenait féodal, étranger, bourgeois. Le conservatoire de muslque de Shanghaï qui a été fermé pendant sept ans se ranime aujourd’hui. Quatre cents professeurs et huit cents élèves y jouent Brahms, Beethoven, Chopin. Dans certaines pagodes, avec les vapeurs du saké et le fumet des rouleaux de printemps, le goût aigre-doux d’une vie tissée de pureté, de courage et de recueillement, filtre à travers les paravents, de la chaîne stéréo, le Boléro de Ravel… En fixant l’équinoxe d’or, un paysan s’en va aux champs avec sous son chapeau rond un walkman que son cousin lui a ramené de Hong-Kong. Son pas est rythmé par Les Chants magnétiques. C’est Jarre qui lui a donné la cassette.

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31 décembre 2013

Article du Monde sur Les Douze rêves du soleil (29/12/1999)

Le compositeur et joueur de clavier français présentera "Les Douze Rêves du Soleil", un spectacle où les projections vidéo, les jeux de lumières et les mélodies électroniques sont combinés

:: SON ET LUMIÈRE ::

Alors que la plupart des projets pharaoniques de stars pour célébrer le passage à l’an 2000 ont été annulés ou révisés à la baisse, Jean-Michel Jarre aura mené jusqu’au bout Les Douze Rêves du Soleil. A la tête d’une troupe de mille personnes, le musicien français présente sur le plateau de Guizeh un gigantesque son et lumière, » un opéra électronique » inspiré d’un épisode concernant Râ, le dieu Soleil. Ce spectacle, au coût de 60 millions de francs, fait l’objet de violentes critiques en Egypte liées à sa date, pendant les dix derniers jours du ramadan. Surtout, le 1er janvier 2000 n’a de sens que pour 1 % des habitants de la vallée du Nil.

Il y a quelques mois Les Douze Rêves du Soleil n’auraient pu être qu’une manifestation parmi d’autres noyées dans les cérémonies officielles estampillées an 2000. Dans la grande foire aux événements avaient été annoncées des prestations de David Bowie au bout du bout de la Nouvelle-Zélande, de Michael Jackson, des Rolling Stones, de Pink Floyd et de quelques autres stars de réputation internationale. Mais, suite à l’annulation ou à une révision à la baisse de la plupart de ces projets, c’est vers le spectacle que Jean-Michel Jarre devrait présenter dans la nuit du 31 décembre 1999 au 1er janvier 2000 sur le plateau de Guizeh, devant les pyramides de Chéops, Chéphren et Mykérinos, que se tournent tous les regards. Et en premier lieu ceux des caméras chargées de fournir des images des différentes célébrations aux deux consortiums (l’un britannique, l’autre américain) qui vont revendre aux télévisions des heures de programmes et qui recherchent en priorité du son et lumière à grand spectacle.

Au-delà de toute critique esthétique, Jarre a su, depuis son premier concert en plein air, place de la Concorde, à Paris, le 14 juillet 1979, combiner des projections vidéo, des jeux de lumières, sa musique aux mélodies évidentes, dont la techno actuelle reproduit à l’envi certains des éléments, à une mise en scène des lieux où il s’installe. Dans un studio de répétition à Vanves (Hauts-de-Seine), peu de temps avant son départ pour Le Caire à la mi-décembre, Jean-Michel Jarre explique une nouvelle fois que ses concerts "ne sont pas des concerts tout à fait comme les autres. On me dit souvent que je fais des choses spectaculaires, mais il ne faut pas confondre la taille et l’échelle. Quand on est en extérieur, l’échelle est différente, le plafond est plus haut, les perspectives sont différentes. J’aime bien l’idée du concert unique. On arrive comme des saltimbanques, on s’installe sur la place du village et on repart discrètement le matin". Sauf que dans son cas il lui faut bien admettre que les places de village ont une superficie de plusieurs hectares, que les saltimbanques transportent plusieurs tonnes de matériel et que, bon an mal an, les spectateurs se comptent en centaines de milliers, voire en millions de personnes. De l’artisanat à grande échelle.

:: ASPECT FITZCARRALDO ::
Après la Concorde, Houston, pour le vingt-cinquième anniversaire de la NASA, les quais de la Saône, à Lyon, pour la visite du pape Jean Paul II, les docks de Londres, Pékin, le Champ-de-Mars, l’université de Moscou, le parc du château de Versailles et d’autres lieux (dont, plus traditionnellement, des salles de spectacle fermées), Jarre et une troupe de près de mille personnes (ses musiciens, des musiciens traditionnels égyptiens et nubiens, l’orchestre de l’Opéra du Caire, des gens de spectacle, des techniciens locaux et des équipes européennes) prendront pour décor le désert de sable et les pierres des pyramides.

Sur le papier l' "opéra électronique" de Jarre a de l’allure, pour qui aime le genre. L’ancien élève de Pierre Schaeffer au Groupe de recherche musicale, parolier de Françoise Hardy ou de Patrick Juvet, auteur de musiques pour des spots publicitaires, s’est inspiré d’un épisode de la mythologie égyptienne (Râ, le dieu Soleil, passe en barque chaque nuit sous douze portes qui symbolise douze états différents de l’homme) pour découper son spectacle en douze étapes. Début après la dernière prière au coucher du soleil et fin avec le premier appel à la prière au lever du soleil. Le temps, l’éternité, la mémoire, le courage, l’innocence, la liberté seront évoqués à cette occasion. Au début du spectacle, des sons naturels accompagneront des projections sur les façades des pyramides. A partir de 22 h 30, Jarre et les différents musiciens s’installeront sur une scène érigée à distance des pyramides pour un mélange d’anciennes compositions, de thèmes écrits pour la circonstance et d’extraits de son nouvel album, Métamorphoses (Dreyfus Music, sortie en février 2000). A 1 h 30, ce sera au tour des musiciens traditionnels de tenir la vedette avant le retour de Jarre pour un final à l’aube.

Le tout sera filmé par le Britannique Mike Mansfield, un spécialiste des tournages de concerts pour la télévision. Dès la conception, qui remonte à l’hiver 1997, à la demande de l’Etat égyptien et en particulier du ministre de la culture, Farouk Hosni, j’ai tenu compte du fait que cela devait être filmé. J’espère que l’on arrivera à filmer la nuit, les petites choses dans les coins, les allumés qui vont de rave en rave dans le monde et qui sont attendus, en même temps que l’aspect Fitzcarraldo, démesuré, de cette aventure. Il faut que l’on s’approche des pierres, qu’on en sente la matière. Pour des raisons de sécurité et de protection du site, la capacité d’accueil des spectateurs payants a été limitée à cinquante mille personnes. Dix mille d’entre elles seront des privilégiés qui, contre la somme de 400 dollars (394,30 euros, 2 586,45 francs), seront à l’abri du froid dans des tentes où un buffet "cinq étoiles" sera servi et le concert diffusé sur des écrans géants. En face de la scène, en extérieur, il en coûtera 20 dollars (19,72 euros, 129,32 francs) pour les habitants et 50 dollars (49,29 euros, 323,31 francs) pour les étrangers pour assister à la même nuit.

:: DÉPLACEMENTS CONTRÔLÉS ::
A Paris, le producteur Jean-Claude Camus, habitué des grandes entreprises, notamment avec Johnny Hallyday, estime que le gouvernement égyptien ne devrait pas récupérer beaucoup d’argent sur un investissement de près de 60 millions de francs qui sur place a été régulièrement critiqué, comme l’a été la tenue du spectacle. "Pour la production dont j’ai la charge", explique Jean-Claude Camus, "c’est un coût de 45 millions de francs, dont 5 pour les transports. Quant à la somme de 400 000 dollars qui a été annoncée comme cachet pour Jean-Michel Jarre, si elle atteint moins de la moitié ce sera le maximum." Si à ce jour il n’y a pas eu de menaces sur les équipes qui préparent le spectacle, les routes qui mènent au site sont protégées par des militaires et le moindre déplacement est contrôlé. Une ambiance qui tranche nettement avec le message humaniste que Jarre s’applique soigneusement à transmettre.

La chaîne de télévision M6 diffusera, en différé, la partie du concert où Jean-Michel Jarre sera présent tandis que Radio FG le diffusera en direct avant un programme de musiques électroniques.

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26 décembre 2013

Interview au Matin: "Revisiter Oxygène m'a fait du bien" (12/2007)

2007,coupure presse,30 ans d'oxygène


:: Article publié le 16 décembre 2007 dans Le Matin :: On ne présente plus Jean Michel Jarre, l’un des Français les plus connus dans le monde. Trente ans après le succès effronté d’«Oxygène» et ses douze millions d’albums vendus, le musicien le remet au goût du jour.
"Quand j’ai fait «Oxygène», c’était chez moi, avec des moyens très modestes. Je m’étais dit qu’un jour je l’enregistrerais d’une meilleure manière. Alors qu’on parle de haute définition pour l’image et le son, j’ai réenregistré la version telle que je voulais l’entendre, avec les vieux instruments mais avec un son bien meilleur. C’est un concert sans public. Le public, c’est vous, devant votre écran de télévision", explique-t-il. Une version bonus permet même grâce à des lunettes fournies avec le DVD de visionner le concert en 3D. Rencontre avec un homme sur qui le temps n’a pas laissé de traces.

Quel regard portez-vous sur «Oxygène», trente ans après?
J’ai forcément un rapport affectif lié à cette musique qui a bouleversé ma vie personnelle et artistique. Ça m’a montré pourquoi je faisais cette musique et pas une autre. On a toujours considéré la musique électronique comme froide, robotique, alors que j’étais obsédé par le côté sensuel et organique des instruments.

Vous avez été un précurseur de la scène électronique. Que pensez-vous des suiveurs, comme Daft Punk?
Des groupes comme Daft Punk ou Air s’en sont sortis parce qu’ils sont de bons musiciens. Il n’y a pas de notion de progrès en matière de musique. Chaque génération apporte son lot de talent. Mais la musique électronique a charrié beaucoup d’ambiguïtés. On en a parlé à travers les DJ, or, au départ, ce ne sont pas des musiciens mais des passeurs de musiques des autres. Ce n’est pas du tout péjoratif mais c’est une autre activité. Ensuite, ces DJ ont voulu faire de la musique. Ce n’était pas très convaincant parce que ça n’était pas leur truc. On a tendance à assimiler la musique électronique à celles des dancefloors mais elle n’est pas un genre en particulier. C’est une manière de faire de la musique.

Qu’est-ce qui motive un nouvel album?
Souvent, des impulsions, des envies. Pour «Téo et Téa», j’ai traversé une période un peu compliquée dans ma vie privée et professionnelle et j’ai eu envie de faire un album assez dynamique, en utilisant des rythmes de dancefloor. Ce n’était pas un virage, juste une expérience. La notion de renouvellement est très dangereuse dans le trajet d’un artiste. Un artiste ne peut pas se renouveler; il a une chose à dire et il la dit toute sa vie de manière différente. Je pense qu’il est bon parfois de revenir à ses racines pour voir où l’on est sur le plan de l’identité artistique. Revisiter «Oxygène», psychanalytiquement parlant, m’a certainement fait du bien.

Vous êtes un pionnier et, pourtant, vous traînez une image de ringard. Comment l’expliquez-vous?
Je connais ça depuis toujours. A l’époque, «Oxygène» a été refusé par toutes les maisons de disque, c’était un ovni arrivé en pleine époque disco et punk. Je n’ai jamais été ni dans un mouvement ni reconnu comme appartenant à une vague particulière. Et les grands concerts que j’ai pu faire m’ont collé une image superficielle. On m’a souvent jugé sur les images de feux d’artifice sans nécessairement voir les raisons pour lesquelles je le faisais. On ne peut pas plaire à tout le monde et, finalement, je vis très bien avec cet état de confusion. Quand vous durez, forcément, à votre troisième album, vous êtes un vieillard. Alors à votre quinzième, c’est l’époque des dinosaures!

Pourquoi avez-vous si longtemps privilégié les concerts à l’extérieur?
Il y a plusieurs explications. D’abord, j’ai un côté un peu claustrophobe, et puis la musique électronique est une musique de laboratoire, de studio. On a envie de sortir, parfois. La troisième raison, plus profonde, c’est que j’ai envie d’entendre cette musique en extérieur. On est dans une époque où les lieux de concert cessent d’être des théâtres pour devenir des salles de congrès: il y a un congrès de parti politique le lundi, un match de boxe le mardi, une réunion de publicitaires le mercredi, et vous passez le jeudi, dans des ondes qui sont un peu contradictoires. Instinctivement, j’ai voulu investir des lieux plus vierges.

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